C'est Marseille bébé.
Un mois et demi entre Marseille et Paris. Un mois et demi à jongler entre la Seine et la Méditerranée.
Des heures de train avalées. Des stations de métro où on ne sait plus s’il faut valider avec son Passe Navigo ou sa carte RTM. Une parenthèse passée finalement trop vite à tenter de profiter du meilleur des deux villes.
Paris, la magnifique. Paris et sa grisaille. Marseille l’ensoleillée, la chantante. Marseille la rebelle. Marseille la dégling’.
Au milieu du vacarme tout le monde semble pourtant trouver sa place. Marseille respire la diversité tout autant qu’elle semble désorganisée. Marseille n’est comme nulle autre. Elle puise son identité des quartiers les plus abîmés comme des ruelles paisibles du Roucas Blanc à l’abri de pins centenaires.
Marseille c’est tout à la fois : un grand bordel et une profonde sérénité.








Les premiers jours, on trouve difficilement ses repères. On se laisse happer par les clichés sans savoir où poser ses pieds. Puis de nouvelles habitudes s’installent et on comprend qu’ici, plus qu’ailleurs peut-être, il faut se laisser porter par la ville pour savoir en profiter. Ici on ne baisse pas les yeux on est fier d’être qui on est. C’est la tête haute qu’on se fond finalement le mieux dans une ville chaotique qui crache sur tout, sauf sur sa singularité. Il est moins question d’assimilation que d’individualité. Les vibrations de la cité phocéenne font penser qu’ici tout est possible, qu’on peut venir de nulle part et se faire une place. Tout se mélange. Les couleurs saturées, les conversations de café, le bruit des bateaux de pêche à celui des yachts qui sonnent leur arrivée avec fierté.
Et puis les gens. On a trouvé ici une humanité qu’on ne trouve pas partout. Une grande ville au cœur bien tendre loin de l’image qu’on peut se faire du sud et de Marseille en particulier. Ce ne sont pas seulement le soleil et la mer qui rendent les gens heureux. (Ni Jul, quoi que). Marseille vit dans une espèce d’inconséquence olympique. Une insouciance diront les plus politiques. On se fiche pas mal des quand dira-t-on, des endroits à la mode qui semblent surtout fait pour parquer les parisiens en mal de coffeeshop. A Marseille on semble se ficher un peu de tout, sauf de la fraternité. Les façades agressent facilement les yeux tant elles sont taguées et si au départ, on ne sait plus trop où poser le regard, on finit par voir du beau partout. On va au café pour boire un café, pas pour y être vu. On se pose sur le Vieux-Port à regarder les aller retours du ferry boat. On tient les murs jusqu’au coucher de soleil au Café de l’abbaye, une bière à la main (laissons le pastis aux vrais touristes). Marseille raconte tellement plus que Pagnol, la bouillabaisse ou les Calanques.
On vous laisse volontiers les navettes de Saint Victor et les savons. On garde tout le reste. La plage du Prado et ses faux airs de Rio avec ses matchs de volleyball. Les joggeurs envahissant la Corniche dès l’aube. On ne garde du Panier que l’authenticité de la trattoria Partenope qui nous transporte dans celle qui pourrait être sa jumelle, Naples.
On a trouvé dans cette ville foutraque du bord de mer, une dolce vita version panisses. Dans une tribune publiée en avril dernier, le journaliste marseillais Gregory Martin-Aude titrait « Marseille ne vous doit rien, c’est pour ça qu’elle vous offre tout ». Difficile de mieux résumer ce qu’on a ressenti au contact des marseillais pure souche, des adoptés de la bonne mère et des exilés qui n’entendent plus en partir.
Derrière les murs secrets du Cercle des Nageurs, on a éprouvé l’objet du désir d’un petit groupe de privilégiés. On vient ici autant pour se baigner que pour déjeuner en toisant les baigneurs de la plage des Catalans. C’est ici aussi qu’on croise les stars montantes de la natation à qui on offre le sésame de la carte de membre sans avoir besoin d'être doublement coopté. Si on a aimé se sentir au plus près de la Méditerranée, dans une ville où l’accès à la baignade relève parfois de l’équilibrisme, on a aussi eu l’impression de tourner un peu le dos à la ville et son joyeux bordel. A un speedo de la Corniche tout peut vite sembler différent.
Pourtant c’est tout ça Marseille : le marcel « c’est Marseille ». La corruption « c’est Marseille ». Le bleu et le blanc « c’est Marseille ». La canebière « c’est Marseille ». Les quartiers nord « c’est Marseille ». La messe le dimanche à Notre Dame, c’est aussi Marseille.
Une expression popularisée en chanson qui résume ce sentiment mélange de fatalisme et de fierté qu’ont les marseillais envers leur ville. Qu’elle plaise ou non, ils l’aiment. Imparfaite peut-être. Mais entière. Et s’il faut rappeler dans le métro qu’ « encu… » est une insulte passible d’une amende, on a l’impression d’une grande famille qui s’engueule et qui s’enlace. (Évitez juste de porter le maillot du PSG en allant au Vel’). Marseille a depuis toujours l’esprit frondeur. Les forts de la ville ont été construits pour mater l’esprit d’indépendance qui animait les marseillais, les canons plutôt que de faire face à la rade faisaient face à la ville.








Marseille est différente et elle veut le rester. Laissons la être cette ville ardente qui ne révèle ses secrets qu’à ceux qui veulent bien qu’on murmure à leur oreille.
Maîtriser Marseille : une idée vaine. Marseille n’est pas docile. Elle est têtue. Indisciplinable. Marseille c’est le S.
Où manger :
Marseille regorge de petites adresses. il est bien difficile de n’en sélectionner que quelques-unes tant tous les goûts y sont représentés. On vous liste ici ceux qu’on a testés et préférés mais vous retrouverez la liste complète de nos coups de cœur sur notre compte Instagram ! Nous reviendrons !
Pompe Boulangerie : pour se délecter de sa pompe à l’huile (un des 13 desserts provençaux de Noël), il faut la mériter. Rendez-vous en haut de la montée Vauban.
Ippon : une adresse signée Christophe Juville, entrepreneur marseillais à succès. On y va pour son aïoli version 2.0 et sa gaufre liégeoise en dessert.
Jogging Trattoria : du même nom que le concept store Jogging, la trattoria dispose d’une jolie cour à l'arrière du restaurant, rue de paradis.
Sepia : menu obligatoire mais un cadre idyllique au sommet de la Colline Puget, à l’abri de l’agitation de la cité phocéenne.
Coquille, bistrot marin : on y trempe ses lèvres dans le gras de la persillade des moules passées au four à bois et on y mange du poisson très frais et très bon.
L’île Degaby : embarquement depuis Malmousque pour quelques minutes seulement de traversée, direction les murailles de l'île Degaby où, d’avril à novembre, un restaurant et un bar éphémère y sont installés.
Où aller / Que voir ?
Le Mucem bien sûr mais aussi la Grotte Cosquer. Une reproduction très ludique et pédagogique de la grotte préhistorique située dans les calanques et découverte en 1991.
Se promener à Endoume : petit Marseille dans Marseille. Parfait pour un bain en contrebas du port.
Se perdre dans les ruelles du Roucas Blanc au milieu des belles villas d’époque. Se promener le nez en l’air dans ces rues plus animées du quartier Bompard.
Louer un vélo ou prendre le bateau pour aller aux Goudes : se sentir Robinson (sans les cheveux sales et la noix de coco) au Tuba Club (et rejoindre les parisiens que vous pensiez avoir largués en gare de Marseille Saint Charles quelques heures auparavant).
Se réserver un transat à la Baie des Singes pour un sentiment de bout du monde.
Randonner dans le parc national des Calanques pour en prendre plein la vue.
Dormir au New Hotel le Quay sur le vieux port pour profiter d’un accès exclusif au Cercle des Nageurs.
Aller visiter la Cité Radieuse-Le Corbusier, construite entre 1947 et 1952. Cette cité-jardin verticale, habitée, est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO.