Comporta, ou le Portugal au milieu des rizières

Sept villages composent la Herdade da Comporta, coincés entre rizières et dunes de sable, au bord de l’océan Atlantique et du fleuve Sado, où se baignent ses dauphins.

Un décor enchanteur qui nous fait oublier que nous ne sommes qu’à une heure et quart environ de la capitale portugaise.

On récupère notre voiture de location à l’aéroport de Lisbonne avant d’emprunter le pont Vasco de Gama, le deuxième plus long d’Europe. Depuis la fenêtre, on devine forêts de pins puis rizières avant de finalement arriver à Comporta, du nom d’un des villages qui composent la Herdade. Par abus de langage on nomme désormais Comporta l’ensemble de la zone tant ce village-là a fini par voler la vedette aux autres. Mais chacun des sept villages, plus ou moins accolés les uns aux autres, plus ou moins discrets aussi, a quelque chose à offrir. 

C’est très certainement un lieu unique. Vendredi a découvert Comporta pour la première fois en 2016. Depuis, Comporta est devenu un rituel annuel, un passage obligé. Malgré l’essor du tourisme ces dernières années, Comporta est bien décidée à tout faire pour préserver son identité et sa liberté. C’est aussi cela qui nous attire à Comporta : son côté revêche et fier qui se manifeste par un franc refus de devenir le nouvel Ibiza, de se fondre totalement dans ce que d’autres pourraient attendre d’elle.

Certes l’ambiance des deux villages principaux, Comporta et Carvalhal, a bien changé en quelques années (plus animés et plus branchés), la faute aux promoteurs immobiliers qui ne s’y sont pas trompés et ont vu en ce petit bout de terre un repère bohème pour célébrités et autres “wealthy people”, mais il reste que Comporta continue de nous faire rêver.

Si nous avons pu regretter un temps que ce petit paradis du riz et des quelques hippies qui y avaient élu refuge se soit transformé en repère branché, la faute à notre ego, qui croyait avoir trouvé un coin secret, loin des radars mais également loin du Portugal qu’on connaissait alors, nous sommes toujours aussi amoureux de ses paysages de sable et de vert (lorsque les rizières sont au plus haut), et nous ne boudons pas notre plaisir dans les magasins de décoration ou les cafés au style bohème. L’architecture prend soin ici de garder le “style Comporta” : des maisons en toits de chaume, peintes en blanc dont les ouvertures sont soulignées d’un trait bleu épais. L’objectif partagé par tous est de préserver au maximum les paysages de pins et de dunes qui invitent locaux et curieux à une complète déconnexion.

Il règne un parfum de luxe certes, mais aussi, et assez paradoxalement c’est vrai, de simplicité et de sérénité qu’il fait bon humer. Le rythme de vie y est comme ralenti. Une sorte de refuge sauvage pour initiés.

Privilégiez la mi-saison pour plus de calme mais soyez rassurés, la température de l’océan et les nombreux moustiques (en saison estivale) ont tendance à en refroidir plus d’un, de sorte que ce petit bout de terre est protégé des hordes de touristes même pendant l’été.

Arrêtez-vous au village de Carrasqueira plus préservé, car éloigné des hôtels de luxe, parcourez les rizières à vélo (électrique pour nous, mais si vous préférez suer libre à vous), visitez le petit port de pêche sur pilotis Palafitico da Carrasqueira, baladez-vous à pied ou à cheval, le long des plages immaculées aux eaux turquoises de l’Atlantique. 

A Comporta, on peut tout autant se recentrer sur soi en profitant de la beauté des lieux que s’adonner à une autre de nos activités préférées : siroter un café glacé sur une terrasse du centre de Comporta pour épier les belles tenues et s’imaginer les vies de nos voisins du jour. Le jet-set lisboète se mélange aisément aux quelques résidents à l’année, aussi bien que les nouveaux cafés à la décoration soignée partagent la vedette avec les bars PMU du cru. La gastronomie oscille de la même façon entre restaurants de chefs connus et churrasqueira typique. Ici les antinomies s’attirent sans, pour l’instant, qu’aucun des deux mondes qu’offre la région ne nous fasse regretter l’autre. Comporta est un savant mélange du beau et du vrai qui, sans aucun doute, vous fera y revenir. 

Poussez votre escapade un peu plus au Sud, à vingt minutes de là, à Melides. En 2023, Christian Louboutin y a ouvert son propre hôtel « Vermelho » (rouge dans le texte, vous l’avez ? Oui, rouge, en référence à la semelle de ses chaussures). Jusque-là, Melides a toujours été considérée comme plus calme, plus familiale aussi que Comporta. Les visiteurs sont assez peu à s’aventurer au-delà de Comporta, et sa lagune comme ses plages restent (de moins en moins) sous les radars. Dépêchez-vous d’en profiter !

Notre endroit préféré pour une balade sur la plage à Melides : Praia Galé – Fontainhas. Elle est entourée d'une falaise fossile, où l'on peut observer des formations qu’on daterait de près de cinq millions d'années (si si). La beauté de cette plage, c’est sa singularité. 

Où dormir

Sublime Comporta, le premier hôtel de luxe à avoir parié sur le succès de Comporta. Les chambres sont nichées dans une magnifique pinède de 17 hectares installés en dehors des villages. L’hôtel a ouvert un restaurant de plage avec possibilité d’y réserver des transats sur la plage de Carvalhal : le Sublime Comporta beach club.  

Quinta da Comporta, le nouveau-né face aux rizières, dans le village de Carvalhal. L’hôtel a été construit sur le lieu d’une ancien ferme agricole de riz et dispose d’une piscine à débordement de 40 mètres de long, chauffée par l’énergie solaire. La piscine donne directement sur les champs de rizières, ses mouettes, ses hérons et ses cigognes (l’emblème de Comporta). Prenez un cours de yoga face aux rizières dans le très beau shala vitré de l'hôtel, et observez les cigognes, typiques de la région, prendre leur envol. 

Unique en son genre : Casas na Areia. Ici le sol des maisons est en sable et rappelle les anciennes maisons de pêcheurs. L’architecte Manuel Aires Mateus a fait de cette ancienne maison familiale, un lieu contemporain d’une beauté unique. 

Où manger

Difficile de choisir (vous connaissez maintenant notre amour de la nourriture portugaise). Comme d’habitude, on évite les plats qu’on retrouve aisément à n’importe quelle carte de brasserie parisienne et on se concentre sur les produits locaux : le riz et les produits de l’océan essentiellement. Notre préférence va à la plage de Comporta, au Comporta Café, ou à Ilha do Arroz où le riz au lait (arroz doce) est simplement à tomber. 

Dans le village de Comporta, nous adorons Gomes casa de vinhos et pesticos où l’on déguste des produits régionaux en mode tapas pour en goûter toujours plus et décupler l’expérience. Sans hésitation aucune, il faut commander le plateau de fromages et les favas com chouriço. Et si vous êtes curieux, commandez également la farinheira, une sorte de boudin à base de farine de blé, viande, graisse de porc, et ail (pardon pour les vegans qui nous lisent).

Fun fact : Initialement, la Herdade de Comporta appartenait à une seule et même famille, le clan Espirito Santo, l’une des familles bancaires les plus influentes du Portugal. La famille avait fait de cette bande de terre sablonneuse une réserve de chasse de 12.500 hectares. Mais lorsque la famille fait faillite, leurs terres sont reprises par les banques et peu à peu Comporta s’ouvre. A la fin des années 80, plusieurs artistes investissent à Comporta : Jacques Grange d’abord, le décorateur de Tout Paris, Philippe Starck, Christian Louboutin…  

Ce Vendredi, on s’installe en terrasse et on se laisse porter par les vibrations de la belle Comporta.