La Sicile #épisode 2, ou l’harmonie de l’art et de la nature
(“toudoum”) Dans le premier épisode de notre série sicilienne, nous nous étions arrêtés à Syracuse. Nous n’allions quand même pas vous abandonner en si bon chemin (“toudoum” - vous l’avez?).
Même protagonistes. Même Fiat. Nous voilà partis en direction de la vallée des temples, vers l’ouest, pour rejoindre la ville de Sciacca d’où nous nous enfoncerons un peu plus dans l'arrière-pays sicilien. Un intérieur montagnard et vallonné, loin de l’agitation touristique qui abrite des paysages spectaculaires. On traverse des villages pittoresques en retenant son souffle et en serrant les épaules, comme si, en se faisant tout petits dans l’habitacle, on allait faciliter le passage de notre pot de yaourt entre les ruelles étroites.
Il faut avoir le temps de prendre son temps. Les routes ne sont pas correctement bétonnées. Le sol craque sous la chaleur. La poussière se dépose sur le capot. C’est dans le silence et les yeux rivés sur la route qui serpente, qu’on atteint notre première destination à 30 km/h de moyenne. Tout se mérite !
Loin des plages et des étapes incontournables de “la Sicile en 10 jours”, on plonge bien volontiers dans l’âme d’une île qui se veut aussi rurale… et arty !
À Santo Stefano Quisquina, à 1000 m d’altitude, se trouve le fascinant Teatro di Andromeda. Posé sur la montagne, ce théâtre en plein air incarne la symbiose parfaite entre art et nature. Nous avons eu la chance de profiter seuls de ce lieu unique, créé par Lorenzo Reina, berger et sculpteur de son état. Nous avons ainsi pu tester tous les petits sièges en pierre qui représentent, dans l’idée de l’artiste, les étoiles de la constellation d’Andromède. Chaque siège semble dégager sa propre énergie. Nul besoin ici que le ciel s'assombrisse pour profiter des étoiles. Le silence, lui, n’est brisé que par l’écho de nos propres conversations (et les cris de notre petit garçon de 2 ans). Une expérience céleste en plein jour.



Pas de file d’attente de touristes en “short-casquettes” pour y accéder, pas de publicité, de stands de malbouffe ou de palissades anti-selfie.
Il est rare d’être autant transporté par un lieu et pourtant à une centaine de kilomètres vers l’ouest, se trouve un second projet tout aussi monumental, le Cretto di Burri. Au bout d’une route de campagne, nous avons rencontré l'œuvre de l’artiste italien Alberto Burri, conçue dans les années 1980 comme un mémorial, sur l’ancienne ville de Gibellina, détruite dans sa quasi-totalité par un tremblement de terre en janvier 1968.
L’art de la résurrection - Burri a transformé les ruines de la ville en un vaste réseau de fissures blanches en béton, couvrant environ 10 hectares. Ces fissures suivent le tracé des rues de l'ancienne Gibellina, créant un labyrinthe de béton géant, à flanc de colline, où on peut se promener. Il faut se hisser en haut de l’un des blocs pour se rendre encore compte de l’ampleur du projet. Cette œuvre puissante et émouvante symbolise à la fois la destruction causée par le séisme et la mémoire de la vie qui animait autrefois la ville.



Gibellina “la nouvelle” compte également une cinquantaine d’autres œuvres d’art moderne. Sous l’impulsion de Ludovico Corrao, la ville a été construite et transformée en un véritable musée à ciel ouvert. On a pourtant encore l’étrange impression de pénétrer dans une ville fantôme, en passant l’immense étoile en métal qui surplombe la quatre voies. Si vous n’avez pas lu grand-chose avant de vous y rendre, c’est assez jubilatoire, et déroutant en même temps.



Depuis Sciacca, nous avons aussi fait un tour sur les falaises de Scala dei Turchi. Un peu trop instagrammable à notre goût, le lieu a d’ailleurs été fermé au public depuis, pour protéger les roches blanches des barres à selfie et autres massacres des temps modernes.
Pour terminer notre séjour et avant de rejoindre l’agitation de Palerme, nous nous sommes immergés dans la réserve naturelle du Zingaro, paradis côtier au nord-ouest de l’île qui s'étend sur 8km, le long du golf de Castellammare. Pour savourer la fraîcheur des eaux cristallines aux nuances de turquoise de la réserve, il faut prendre ses baskets et s’engager dans les chemins balisés. Même hors saison, il vaut mieux venir profiter du calme olympien du matin pour ne pas être dérangés par les bateaux de touristes qui préfèrent voyager assis, qui viennent y mouiller dès 11 heures. Vous êtes prévenus !
Où dormir
Hotel Baglio La Porta - Zingaro (San Vito lo Capo) : Petit hôtel au sein et de Zingaro avec une belle piscine à débordement dans un jardin luxuriant et une vue spectaculaire sur la réserve.



Tonnara di scopello : LE lieu mythique de la région. Caché au fond d’une crique, ce petit paradis sauvage, ancien complexe réservé à la pêche au thon jusque dans les années 1980, n’est ouvert aux touristes qui peuvent venir s’y baigner qu’à certaines heures de la journée contre des frais d’entrée (relativement dissuasifs), ce qui garantit à ses locataires une certaine confidentialité. Il est possible d’y louer l’un des 14 appartements avec vue sur la mer ou les jardins intérieurs. L’établissement était malheureusement complet lors de notre dernier voyage sicilien mais on compte bien s’y échapper dès que possible et poursuivre par la visite des îles Egades, toutes proches.
Où manger
Trattoria Al Faro - Siacca : Véritable trattoria qui donne sur le port de Siacca. Très réputée. Il faut donc réserver.
MOMA Cafe - Gibellina : C’est l’une des seules adresses dans Gibellina. Vous l’auriez donc certainement trouvé et même si on n’est pas sur de la grande gastronomie, vous trouverez toujours quelque chose de bon à grignoter. Ici, c’est surtout le pouls de la ville que vous venez prendre dans une ambiance particulière qui mêle population locale et visiteurs abasourdis par l’étrangeté des lieux
Cinquantapassi - San Vito Lo Capo : les pieds quasiment sur le sable, des pâtes aux gambas délicieuses et une jolie vue sur le mont Monaco qui donne à la plage des petits airs de Rio (les strings fluo en moins).