Lanzarote, l'Atlantide espagnol
Vaisseau d’un archipel posé à une centaine de kilomètres des côtes africaines, Lanzarote est la plus ancienne des îles des Canaries.
Depuis le hublot on découvre une terre désolée, chargée de champs volcaniques et ourlée de minces bandes de sable. Une île singulière, isolée de sa mère patrie, par des milliers de kilomètres. Sauvage. Lunaire.
On vient chercher à Lanzarote ce que les îles savent offrir de mieux, un sentiment d’isolement, un monde un peu à part. Pendant que le soleil réchauffe déjà les hublots perlés, l’avion se pose en bord de plage, à ras les maisons blanches et carrées de la capitale Arrecife, offrant un premier aperçu de ce que seront ces quelques jours insulaires.
Les éruptions volcaniques successives ont donné à Lanzarote sa ressemblance avec Mars, quand l’homme lui a donné son architecture blanche unique et les quelques hôtels-clubs du Sud de l'île, à fuir autant que possible, sauf à vouloir se terrer au bord d’une piscine haricot au milieu de touristes anglais à la peau écrevisse. Rassurez-vous on est quand même très très loin de la Costa brava.
A quelques brasses des côtes, les géologues ont récemment découvert ce qu’ils pensent être à l’origine du mythe de l’Atlantide de Platon. Atlantes est une montagne volcanique sous-marine de 50 kilomètres de large et située à plus de 2 kilomètres de profondeur. Il s’agit du tunnel de lave sous-marin le plus long du monde (Pour en apprendre plus, direction le musée des Volcans au centre culturel Jameos del Agua).
A la surface, Lanzarote est tout aussi intrigante. L’île a été marquée par d’impressionnantes éruptions volcaniques qui lui donnent aujourd’hui un charme presque adolescent : anciens cratères effondrés et petits trous de main d’hommes (accueillant ce que la nature veut bien faire pousser).
Lanzarote ne compte pas moins de 110 volcans et un quart de sa superficie a été recouvert par des coulées de lave. Il se dit dans tous les (mauvais) guides que pour en prendre la pleine mesure il faut visiter le Parc national de Timanfaya, créé en 1987 et qui ne se visite qu’en bus : non merci !
En réalité, il est tout à fait possible de découvrir le visage volcanique de Lanzarote sans s’agglutiner au fond d’un bus après avoir survolé l’océan Atlantique pour fuir les métros bondés.
C’est à pied qu’il faut contourner ou escalader les volcans de l’île aux abords du Parc. Il existe un très grand nombre de sites sur lesquels sont répertoriés les randonnées de la plus facile à la plus engageante à commencer par la Caldera de los Cuervos, premier cône volcanique généré lors de l'éruption de Timanfaya qui a donné à Lanzarote son aspect lunaire.
Le soleil vient rapidement confirmer qu’on est ici plus proche du continent africain que de la péninsule ibérique. On est tout aussi loin des îles Baléares et de leur ambiance délicieusement méditerranéenne avec criques, routes de montagnes et pins parasols. Deux mondes très différents.
Vous ne verrez pas beaucoup d’arbres à Lanzarote. Quasi pas en fait. Quelques palmiers par ci par là et une « palmeraie » disent les guides dans le village d’Haria mais ne vous attendez pas à une oasis au milieu des champs de lave, il s’agit surtout d’un joli village qu’on a doté d’un peu plus de verdure pour attirer les foules qui resteraient coincées près des plages sans explorer le cœur de l’île.
Malgré le vent et la sècheresse, Lanzarote sert son propre vin blanc et sucré. Au milieu d’un paysage protégé, La Geria, pousse le malvasia dans un trou conique creusé dans le gravier volcanique à plusieurs mètres de profondeur. Chaque cep est protégé du vent par un muret demi-circulaire de pierres sèches.





Un paysage lunaire protégé par l’UNESCO qu’on admire facilement du haut de la Montana Diama : des rangées de cavités parfaites teintées de vert et de noir, dans lesquels se cachent aussi quelques orangers ou figuiers, qui forment un paysage qu’on dit unique au monde.
Côté plage, on continue de fuir les recommandations des guides : direction Playa Caleton Blanco plutôt que la très célèbre Playa Papagayo. On troque la plage de sable doré en forme de anse parfaite et multi-référencée au profit d’une plage ponctuée de formations volcaniques mais aux eaux translucides qu’on rejoint, plus au Nord, après une belle ligne droite au milieu d’un nouveau champ de pierres poreuses. Des paysages dans le paysage.
Sur la côte ouest cette fois, on rejoint le village de Famara où le temps semble s’être arrêté. Des rues non pavées de sable fin et jaune, des maisons blanches aux boiseries bleues ou vertes et des vues incroyables sur l'imposante falaise de Famara. Une ambiance un peu bohème sortie des années 70 que viennent parfaitement compléter les surfeurs de la caleta voisine. Le village n’est pas bien grand mais il reste notre coup de cœur du séjour pour ses dunes de sable qui débordent sur la route, ses vans colorés et son isolement certain.







Les villages de Teguise et Punta de Los Mujeres, avec ses piscines naturelles, offrent également de belles escales mais il faudra s’éloigner encore plus des routes principales pour tenter d’appréhender ce que peut être la vie sur cette île qui s’appuie quasi exclusivement sur le tourisme. On se demande à qui peuvent servir ses terrains de foot en pelouse synthétique pourtant bien entretenus sur une île où nous n’avons croisé aucun écolier. A la sortie du parc de Timanfaya, on aperçoit quelques viticulteurs dans leurs champs de lave et de pierre accompagnés de leurs chiens. En grimpant un volcan, on dérange un chasseur accompagnés de ses Podencos Canarios, ces chiens de chasse typiques des Canaries. D’origine égyptienne et de petites tailles, ils chassent du petit gibier comme les oiseaux ou les lapins.
Choisissez un des centres façonnés par César Manrique, l’enfant du pays, peintre, sculpteur et écologiste passionné qui a donné à l’île son architecture et une grande partie de ses centres d’intérêts dont le très instagrammable Mirador Del Rio. Partout sur l’île on retrouve sa volonté de valoriser la création artistique en harmonie avec l’environnement et la nature. En 1978, César Manrique a reçu le Prix mondial de l’écologie et du tourisme pour avoir su protéger les richesses de sa terre natale.
Pour éviter les foules, Vendredi a choisi de ne visiter que le centre Jameos Del Agua, situé à l’intérieur d’un tunnel volcanique et qui abrite aussi le musée Casa de los Volcanes que nous avons trouvé très bien fait et très ludique.
Où manger ?
El Risco à Famara : notre meilleur riz aux fruits de mer du séjour ! Classé au Guide Michelin, le restaurant est situé face à l’océan et sert une cuisine traditionnelle de l’île. On y a goûté des arrêtes de poisson frites, leur spécialité : un régal ! Son classement dans les meilleurs restaurants de l’île n’est pas usurpé.
El Aljibe del Obispo à La Geria : une très bonne adresse pour des tapas ou des plats plus élaborés. Le restaurant est adossé à une bodega au beau milieu des vignobles. Idéal également au coucher du soleil sur le terrasse de la bodega Stratvs. Disons le, les vins ne nous ont pas transcendés mais tout est affaire de goût.
Mirador de las Salinas à l’ouest de l’île à las Salinas de Janubio : posé au dessus des salines de Lanzarote. On y vient pour leurs énormes plats de riz (végétariens ou non).
Où dormir ?
On pose ses valises à l’hôtel César Lanzarote situé au cœur du parc naturel La Geria, le meilleur endroit où séjourner sur l’île selon nous. Adults only.
20 chambres équipées de meubles et de décorations artisanales.
A Teguise, la Casa de las Flores nous fait également de l’œil : un boutique-hôtel au design délicat de 5 chambres seulement. Un petit déjeuner servi à la carte chaque matin. Le tout en plein centre de l’île.
Très beau récit, fidèle à la réalité.