Le Sénégal, ou le voyage improvisé
En voyage, les premiers réveils ont toujours une saveur particulière. C'est le temps des premières impressions, celui où l'on essaie d'identifier les bruits extérieurs tout en cherchant encore la
C'est le temps des premières impressions, celui où l'on essaie d'identifier les bruits extérieurs tout en cherchant encore la table de nuit d'une main hésitante.
Ce premier matin au Sénégal nous avons été réveillés par le son de l’appel à la prière de la mosquée du village et celui de l’âne qui brayait dans le champ voisin. Loin de nos bruits du quotidien.
Les premiers matins, c’est aussi le temps de l’excitation, des premières images qui s’impriment sur la rétine. Nous sommes arrivés de nuit à l’aéroport de Dakar, si bien que nous n’avons pas vu grand-chose de ce qui sera notre “chez nous” pour quelques jours. Ce premier réveil est matinal. Il l’est en fait toujours, décalage horaire ou pas. Par soif de découvrir ce qui nous entoure. Par crainte peut être qu’en se levant (trop) tard on rate l’occasion de prendre le pouls des premières lueurs, de goûter aux premières saveurs. Se lever tôt pour s’émerveiller vite. Parce qu’ils surviennent souvent plusieurs mois après avoir préparé le voyage, ces premiers instants sont revigorants. Grisants même.
Ce voyage-ci nous ne l'avions pas anticipé et nous l’avons préparé en quelques jours seulement, combinaison d’un calendrier soudainement dégagé et d’une envie de soleil. Pourtant, dès les premiers étirements, nous avons ressenti ce même sentiment, comme si en se levant tôt, âne qui brait ou non, on s’assurait de “réussir” ce voyage.
Depuis la terrasse de notre maison d’hôtes, sur la Petite Côte, le soleil se lève doucement. Il fait se mélanger la couleur brique de la terre avec l’orange du ciel. Tout se pare d’une couleur sable pendant quelques minutes. Comme un filtre sépia qui viendrait presque tout flouter. Puis, en quelques minutes à peine, le ciel reprend son bleu et la poussière du sable qui s’envolait retombe sans bruit sur le sol des quelques ruelles du village de Ndayane, dans lequel nous faisons nos premiers pas au pays de la Teranga. En wolof, Teranga signifie accueil. Il désigne l’hospitalité et le sentiment de partage qui animent les Sénégalais.
Après le petit déjeuner, nous partons en direction de l’embarcadère de Dakar pour l’île de Gorée, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les couleurs vives de ses maisons coloniales, ses bougainvilliers, et ses ruelles brutes contrastent avec la noirceur de l’Histoire qu’on y conte. L’île est présentée aujourd’hui comme un “sanctuaire pour la réconciliation”. Une amie sénégalaise nous avait prévenus : on ne vient pas au Sénégal sans visiter Gorée.
L’île tient en effet une place toute particulière dans le cœur des Sénégalais. La Maison des esclaves avec son double escalier rouge vif est le passage obligé de toute visite sur l’île. On y écoute avec émotion le récit du conservateur des lieux qui nous plonge dans un passé tourmenté qui mêle colons européens et hauts dignitaires africains. Si le rôle exact de Gorée dans la traite négrière fait encore débat aujourd’hui, elle reste le symbole de ce que cette période a apporté comme lot d’horreurs. Vous aurez vite fait ensuite de faire le tour de l’île en vous perdant dans ses ruelles colorées. Vous n’échapperez pas aux vendeurs “d’artisanat local” (importé de Chine) qui vous aborderont dès la traversée en bateau depuis Dakar ! Ils ne gâcheront cependant rien au charme de cette île colorée où touristes et dakarois se mêlent sur la petite plage près de l’embarcadère.
Le soir, en rentrant à Ndayane, dans notre petit refuge, le Sunu Sala, nous profitons du spectacle du soleil qui se couche sur le village l’enveloppant d’une nouvelle teinte orangée plus nette cette fois. La palette est complète. On profite de la sérénité des lieux sans un mot. Ne rien brusquer. Contempler. Défilent alors les footeux qui disputent un match passionné sur le terrain voisin (nos hôtes organisent des matchs de foot avec les enfants du village lorsque vous voyagez en famille), les chèvres, les enfant qui les promènent, et les femmes élégamment drapées dans leurs habits colorés qui portent sur leurs têtes linge, fruits et légumes.. Tous profitent de ces quelques heures où la chaleur est plus confortable.
Le lendemain, après avoir dégusté les délicieux petits beignets (boules de pain frites) cuisinés par notre hôte, M’Baye, nous partons nous promener à pied dans le village et rejoignons, par la plage et par la route, Popenguine, commune voisine connue pour abriter une des résidence secondaires du Président sénégalais ainsi qu’une réserve naturelle éponyme qui accueille de nombreux oiseaux en saison. Nous traversons les ruelles de sable, en se fait alpaguer par les enfants qui nous crient “toubab toubab” (comme on appelle les blancs ici) en riant aux éclats. Nous passons le port de pêche avec ses pirogues colorées et atteignons Popenguine une bonne grosse demi-heure plus tard sous un soleil de plomb. Nous sommes immédiatement happés par l’océan. Nous passerons l’après-midi sous notre parasol à profiter du son des vagues en sirotant un jus de bissap avant que la plage jusque-là quasi déserte, ne se mette à vibrer, à mesure que le soleil descend. A la sortie du travail ou de l’école, la plage s’enveloppe en effet d’une toute autre ambiance. On se salue, on vient faire son jogging, les enfants viennent y parler la langue universelle du football tandis que la marée remonte doucement, et les ados viennent mesurer leur force en tirant des pneus plus gros qu’eux, qu’ils prennent soin d’attacher à une corde nouée autour de leur taille. Ici tout le monde s’entraîne et on se rêve en roi du ballon rond ou mieux encore, en lutteur professionnel. Au Sénégal, la lutte est un sport national. On culpabiliserait presque (un peu) de ne pas avoir bougé de notre transat de l’après-midi.
Le lendemain, vous pourrez partir découvrir la lagune de la Somone, classée réserve naturelle, déguster des fruits de mer grillés au barbecue ou des huîtres sorties de l’eau sous vos yeux et profiter d’un tour en pirogue, ou d’une balade en canoë dans la mangrove. La lagune est un des trésors cachés de la Petite Côte.
A Ndayane-Popenguine, nous avons trouvé des habitants et des paysages empreints de cette sérénité qui font décrocher du quotidien. On oublie vite de relever ses mails, et au milieu des diakatas (scooters locaux) et des calèches d’antan on se fraie un chemin vers la nonchalance de cette Afrique pourtant en pleine ébullition.









Où dormir à et/ ou près de Dakar
Sunu Sala (sur la petite côte) : cette maison d'hôtes tenue par un couple sénégalo-flamand est idéalement située à 30 minutes au sud de l’aéroport de Dakar. Elle propose des chambres en rez-de-chaussée qui donnent sur un joli patio et deux chambres avec vue sur la piscine (choisissez une de ces deux là!). À l’étage, se trouvent la cuisine où l’on prend le petit déjeuner autour de la grande table, un joli salon de lecture et deux terrasses avec vue sur l’océan et sur le village. La sincérité et la gentillesse d’Hilde et son mari M’Baye rajoutent au charme des lieux. Hilde a dessiné elle-même les plans de cette maison d’hôtes. Les détails y sont soignés. Pas de déco surchargée. Des éléments colorés choisis avec goût. Ici, on prône la slow life et on privilégie le local. N’hésitez pas à y dîner, M’Baye est un excellent chef, en plus d’être un très bon guide ! Ses anecdotes sur son pays et sa propre histoire sont des cadeaux précieux. Une famille attachante, tout simplement.
Seku Bi (à Dakar) : nous avons fait le choix de ne pas dormir dans Dakar mais si vous souhaitez vous imprégner de la capitale sénégalaise, on nous a dit beaucoup de bien de ce boutique-hôtel très bien situé, qui abrite 7 chambres réparties dans deux villas coloniales, un coffee shop, une sélection d’œuvres d’art contemporain africain et un restaurant italien (!!) Il Pappagallo.
Où manger à Gorée
Chez Thio : Awa, notre amie sénégalaise nous avait conseillé d’y venir pour déjeuner car elle avait l’habitude d’y venir depuis toute petite avec sa famille pour une journée hors de Dakar. Nous ne pouvons qu’approuver sa recommandation ! Face à l’embarcadère, au bord de la plage. Mention spéciale pour le poulet yassa (à base d’oignons) et les brochettes de lotte marinées dans une sauce à tomber.
Où manger à Popenguine
Le Balafon : terrasse surplombant l’océan avec vue sur les falaises de la réserve naturelle de Popenguine. La cuisine y est absolument délicieuse. Marcus, le propriétaire et son frère sont d’une profonde gentillesse. Commandez les gambas grillées au barbecue avec sauce vierge et frites maison (qui changent tout) !
Écho côtier : option parfaite pour profiter des transats sur la plage jusqu’au coucher du soleil. très certainement le meilleur spot pour manger les pieds dans le sable, bercé par le bruit des vagues.
🎧 A mettre dans vos oreilles : la playlist de Vendredi, uniquement des sons entendus sur place !