Les Cornouailles, où l’Angleterre s’aime iodée et sauvage
D’instinct, l’Angleterre ne fait pas forcément partie des destinations en lice pour un weekend automnal. Alors que le jour décline peu à peu, d’aucun irait plutôt chercher l’été indien vers le Sud.
Pourtant, les Cornouailles ont plus à offrir que l’occasion parfaite de s’essayer au style Barbour à une heure de vol de Paris.
Les côtes acérées et les landes rocheuses font vite oublier que ceux qui n’aiment pas la pluie sont ceux qui ne sont pas suffisamment bien équipés : hautes bottes, parka longue, capuche bien ficelée autour du cou et accessoire ultime des locaux, qui lui n’a rien de bien protecteur contre la pluie, le chien ! En Cornouailles, vous croiserez moins de poussettes que de chiens.
Bien sûr, à cette saison, on ne vient y chercher ni le soleil chaleureux de la Méditerranée ni les saveurs sucrées de la Médina. Au duché de Kate et William, les paysages sont verts et les chemins souvent gadouilleux. Mais pas que.
En Cornouailles, on fait l’expérience d’une vie au ralenti, en suivant la cadence d’un soleil en plein sprint alors qu’on attend déjà impatiemment qu’il reprenne son marathon estival. Ici, le vent chasse les nuages aussi vite que la fatigue des derniers mois de l’année, les saisons défilent à toute allure en une seule journée et la pluie semble nettoyer jusqu’aux âmes les moins sereines.
La côte déchiquetée qui s’étire dans la mer celtique donne un parfait exemple de l’authenticité des paysages. 470 kilomètres de chemins côtiers balayés par les vents. Les arbres se sont penchés sous leur force pendant que l’écume des vagues s’élève continuellement dans le ciel comme s’il se mettait subitement à neiger.
Mais la mer n’est pas le seul atout de cette région. Côté terre, au petit matin, les rayons du soleil peinent à percer les nuages pour éclairer tel troupeau. La laine des moutons reste presque figée sous l’effet des bourrasques pendant que les mouettes viennent s’amuser à virevolter à toute vitesse au-dessus d’eux, avec pour toile de fond une vieille grange rouge.








Depuis l’aéroport de Bristol, direction Padstow, à environ deux heures et demie de route, village de pêcheurs réputé pour être la porte d’entrée gastronomique des Cornouailles.
On trouve rapidement refuge à l’abri du vent et le réconfort de notre fish and Chips n’a d’égal que la quantité de gras avalée. La lumière rosée du soleil couchant entoure rapidement la ville. L’atmosphère qui s’en dégage est incontestablement une belle entrée en matière dans cette région très prisée l’été par les anglais eux-mêmes et tenue (quelque peu) éloignée des itinéraires classiques du badaud européen.
Nous établissons notre camp de base à Mawgan Porth Beach, sur la côte nord des Cornouailles. Chevaux et chiens viennent se dégourdir les pattes tôt le matin sur cette grande anse de sable dorée avant que la marée ne remonte.
Un weekend ne suffit pas à visiter toutes les Cornouailles. Nous choisissons de nous arrêter à Penzance, agréable station balnéaire hors saison, de déjeuner à Newlynn qui abrite quelques jolies galeries d’art et de visiter tout près de là, le Mont-Saint-Michel local : le St Michael’s Mount. La ressemblance n’est pas que dans le nom. Vous pourrez accéder à l’île à pied à marée basse (vérifiez bien les marées) ou en navette en saison estivale. L’île appartient à des particuliers et abrite un château. Lorsque la famille vient se reposer sur l'île, le château n’est pas accessible mais on peut prendre un petit café près du chemin pavé qui relie l’île à la terre ferme pour profiter de l’ambiance des lieux.
À l’extrême sud-ouest de la Grande-Bretagne continentale : Lands End. Une petit bout d’Europe où le chemin s’arrête. Au-delà, l’océan et les Amériques. À Lands End, on ne se contente pas d’immortaliser sa présence depuis le belvédère : le sentier à droite mène jusqu'à la très belle plage de Sennen et son mini port de pêche quand le sentier à gauche, vous emmène jusqu'à la paisible crique de Nanjizal Beach.
Dernière étape : la réserve naturelle du Roseland Heritage Coast, une des régions les plus pittoresques d’Angleterre. Une campagne préservée et des petits ports de pêche balayés par une météo capricieuse qui colore la terre au gré de ses humeurs. St Mawes, très en vogue avec son petit port, son Relais & Châteaux et ses restaurants à la mode, vole la vedette à d’autres très jolis villages comme le charmant petit port de Portscatho (petit coup de cœur). Se mêlent jolies plages et criques au sable d’or, falaises, hameaux de campagne avec cabine téléphonique rouge perdue au milieu de nulle part. En face, on peut rejoindre toute l’année en ferry Falmouth, qui ne nous a pas beaucoup convaincu mais qui regorge de sympathiques coffee shops où attraper un bon latte à accompagner d’un toastie au fromage coulant.
Où dormir
Scarlet Hotel : sur la plage de Mawgan Porth. On l’aime pour sa situation géographique, ses cours de yoga le matin, son spa et sa piscine intérieure. Les courageux pourront tenter un bain glacial dans la piscine extérieure ou rejoindre les wild swimmers sur la plage. Sur le parking de la plage vous pourrez commander votre smoothie ou votre café au milieu des locaux (à deux ou quatre pattes).
Où manger
The Tolcarne Inn à Newlyn. La pêche du jour est servie aux côtés de produits frais provenant de petits producteurs locaux. Les beignets de poisson et les Saint-Jacques avec crème de lentille nous ont conquis. L’endroit parfait pour découvrir la culture culinaire des Cornouailles.
Hooked ! à Truro, pour leurs moules et leurs Saint-Jacques au beurre persillé.
The Wig and Pen à Truro également, pour l’ambiance (et leur burger au brie) : un vrai pub qui sert une cuisine moderne.
La boulangerie Pavilion, à Newquay, près du port, sert de bons cafés et des toasties à tomber.
Rising Sun à St Mawes : un pub réputé aussi bien auprès des locaux que des visiteurs d’un jour. Un menu contemporain dans une ambiance so british, parfait pour se détendre. Le dimanche, on y sert le Sunday roast (des pommes de terre rôties croustillantes, un rôti traditionnel avec un choix de trois viandes, et beaucoup de sauce !)
Fun fact : Ici, on mange son scone (cream tea) en étalant d’abord la confiture puis la crème. Pas l’inverse (comme dans le Devon voisin par exemple). Ne vous trompez pas.