Les Cotswolds, où filer à l’anglaise
Une heure de train depuis Paddington. Pas d’ours à lunettes mais des étudiants et universitaires bruyants qu’on abandonne volontiers en gare d’Oxford.
Soudainement, le silence se fait doux à l’oreille et le paysage bucolique qui défile par la fenêtre offre déjà une certaine sérénité. On débarque à Charlbury, un petit village à l’entrée du parc des Cotswolds, une région peu modeste, qui aime se vanter d’être classée pour sa beauté naturelle sublime (AONB : area of outstanding natural beauty, en VO dans le texte).
70 miles depuis Londres pour s’échapper du vacarme et plonger progressivement au milieu des pierres dorées et des cheminées fumantes du comté de l’Oxfordshire. Du vert partout. Des villages perdus entre prés et forêts. Des moutons qui s’étonnent de notre présence autant qu’on s’enthousiasme de les trouver là. Ehontément, la campagne a toujours l’air plus belle quand elle est loin de chez soi.
Nous sommes venus dans les Cotswolds retrouver le charme anglais qu’on avait quitté dans les Cornouailles et une fois n’est pas coutume, l’Angleterre ne nous a pas déçus. Pas de touriste alentour. Des britishs d’un genre un peu spécial, bottes Barbour aux pieds et canidés aux capes de pluie saillantes au sortir de leur Defender : on perçoit rapidement que le countryside transpire le chic. Les cottages et petites chaumières se vendent à prix d’or et on se verrait facilement passer Noël ici, entre la boue et les tourtes croustillantes au poulet qu’on sert brûlantes dans les pubs environnants. L’impression immédiate d’avoir fait le bon choix : s’immerger loin de l’agitation de la ville en pleine saison de l’avent.






Alors que l’esprit de Noël nous avait presque quitté, à l’approche de la fameuse liste de courses, les sapins illuminés accrochés aux façades et les feux de cheminée nous ont redonné l’envie d’un Noël cosy. Si bien qu’on s’attend à croiser Jude Law, dans sa version AVEC cheveux dans The Holidays. Pour ces quelques jours au vert, nous avons fait le choix de n’utiliser pour nous déplacer que nos pieds et un vélo (électrique, of course). Être dépendant de la météo contraint à une certaine forme de lâcher prise. Pas question alors de courir partout sans rien voir. Nous voilà au contraire à la merci des éléments, la pluie et le vent nous forçant autant à ralentir qu’à profiter de ce temps de pause au coin du feu, avec comme berceuse, le doux brouhaha du pub. Notre chambre est située à l’étage du pub, au centre du village, où tout se passe et où tout le monde se presse. Dès 13h et jusque tard dans la soirée, les latte s’enchaînent pendant que défilent wellies et mocassins à chaussettes. On se met au gin to à l’heure du goûter et on perd autant la notion du temps que celle d’être un touriste. Ici, l’humide côtoie le chaleureux.
Lorsque la pluie cesse, on quitte notre refuge le pas déjà ralenti. S’il est plus que temps de s’aérer pour ne pas finir collés au fauteuil de cuir qui nous sert de tuteur depuis le réveil, on prend la clé des champs comme on sort de son lit : groggy mais ragaillardis d’avoir pris du temps pour soi, sans contrainte autre que celle de rester au sec.
On passera le reste de la journée dehors à vouloir immortaliser chaque porte, chaque fenêtre. Des villages aux rues étroites et des routes vallonnées comme seuls guides. On traverse les pâturages le nez en l’air mais l’œil attentif : Bambi surgit des fourrés pendant que les bovins ruminent au milieu des prés. Les oiseaux volent en escadrilles apeurés par les coups de feu qu’on entend retentir au loin, les chasseurs ayant visiblement repéré leur proie.









C’est la chasse au temps qui passe qu’on sent enfin nous échapper, les secondes s’égrenant alors lentement.
Dans le train du retour, le vert laisse peu à peu la place aux chapelets de béton. À Paddington, on laisse se déverser un train bondé. On remplit nos poumons comme pour se donner du courage, avant de se jeter dans l’immensité de Londres. Quelques semaines encore à vivre à la vitesse de l’Eurostar, en se maintenant autant que possible sur des rails solides avant 2026.
Vendredi vous souhaite de très belles fêtes de fin d’année. On vous souhaite de profiter des vôtres aussi férocement qu’on se jette sur les scones au cheddar.
Où dormir :
À Charlbury - The Bull : bien plus qu’un pub avec des chambres. 10 chambres réparties sur deux étages. On choisit la numéro 6, avec sa baignoire et son brûleur à bois sous les toits. Pour le dîner, le menu est basé sur le concept de la ferme à l’assiette. Des plats simples et délicieux qui n’ont rien à voir avec le sempiternel fish & chips. Le tout éclairé à la bougie.
Où manger :
À Charlbury - The Bell : à moins de 2 minutes à pieds de The Bull. Plus classique mais pas moins charmant.
The Missing bean : pour un très bon café et un toasty bien dégoulinant. Du réconfort facile.
À Stow-on-the-wold - The Hive : un salon de thé cosy dans un village un peu plus touristique mais propice au shopping à 14 miles de notre camp de base. On y déguste sandwichs et soupes bien chaudes avant de reprendre la route.
À Kingham - The Wild rabbit : un restaurant Michelin pour les palais les plus avertis de nos lecteurs.





Ça donne des envies d’Angleterre !
Merci de nous faire voyager 🌷