Les Pouilles, ou la terre du soleil
Peu importe la saison, la lumière des Pouilles est à part. Sur cette terre d’oliviers, le soleil brille fort et sublime n’importe quelle vue.
“Le talon de la botte”, tel un socle, préserve tout l’héritage de l’Italie.
Un voyage dans les Pouilles peut se faire de deux manières : les Pouilles authentiques Vs. celles des marchés pour touristes. Bien sûr, la facilité voudrait qu’on se contente des belles Polignano a Mare, Ostuni ou encore Lecce qui sont de jolis trésors mais qui comme tous les trésors attirent beaucoup d’envieux (et de boutiques de fausses céramiques). On laisse aux autres les terrasses bondées et les églises dans lesquelles les parapluies des guides ont remplacé les croix.
Vendredi entend plutôt ressentir l’âme rustique des Pouilles, aussi loin des foules que possible. Pour profiter de l’essence des Pouilles, il faut savoir où aller. Depuis Naples, on traverse la campagne aux rochers calcaires et pelotons flanqués d’oliviers centenaires. Au milieu des vignes, et à mesure que nous nous enfonçons dans les Pouilles, le ciel bleu contraste avec le blanc des maisons. Sur cette route, on respire déjà le parfum du slow living que nous a inspiré la région.
Nous nous sommes installés pour quelques jours au cœur de la petite ville de Nardò, à 20 minutes à peine de Lecce et nous en sommes tombés amoureux. Il faut se perdre dans les rues de Nardò, aller de place en place, écouter les conversations des locaux au petit matin au café Il Gabbiano, profiter de telle autre terrasse pour tenter de capter les histoires qu’on se raconte sous les tonnelles blanches, à l’abri du soleil.
Depuis la Casa Piana, on descend au marché tous les matins pour acheter fruits et légumes frais avant de remonter les préparer dans notre cuisine, nichée sur les toits de la ville, dans un cube de verre. On se vautre dans le royaume du fromage : ricotta fraîche, burrata, mozzarella, caciocavallo… et on laisse nos yeux s’attarder sur les mains usées par le travail des petits producteurs locaux.
Dans les ruelles, le linge propre vole au-dessus de nos têtes. Le temps semble s’étirer au son des clochers et des verres qui tintent à l’aperitivo au Caffé Parisi. On laisse passer les papis à bicyclette et on s’imagine, comme ces vieilles dames, dans quelques années, aux bras de nos meilleures amies, endimanchées dans nos tenues impeccablement repassées. Les enfants jouent au foot sur les pavés lisses de la place du village en criant.
Des litres d’huile d'olive extra vierge plus tard, on peut dire avec certitude que cette slow life à l’italienne nous a enchantés.
Depuis Nardò, on rejoint facilement les plages du parc naturel de Porto Selvaggio pour une baignade dans les criques bleu azur de la mer Ionienne. Plus loin, à 1 heure de route, on se rafraîchit dans les piscines naturelles de Tricase. Si vous n’êtes pas encore redescendus en température, vous aurez une belle excuse pour tester les gelati et les Spritz du Jamao Music Drinks, qui surplombe les bassins. Pour terminer une journée parfaite, on dîne à la Taverna del Porto, où le plateau de fruits de mer crus est tout simplement délicieux.
Une journée à Lecce n’est jamais une mauvaise idée. Lecce a été élue “plus belle ville des Pouilles”. Il est vrai que son style baroque force l’admiration. Mais Lecce est déjà une vraie ville et comme tous les goûts sont dans la nature, on confesse lui avoir préféré les petits villages de la campagne italienne comme Nardò ou Cisternino. Pour le déjeuner, réfugiez-vous à la trattoria Le Zie. Tout est fait maison, et les plats mijotent sous vos yeux dans la cuisine de la propriétaire.
Nous avons ensuite rejoint le cœur des Pouilles, un peu plus au Nord. À bien y réfléchir, nous serions restés plus longtemps dans le sud mais la route en direction d’Ostuni nous a réservé quelques belles surprises : nous avons fait le plein de douceurs à la Macelleria Da Antonio, rempli la voiture de fromages et de charcuteries à Capocollo et Santorella. Ne ratez pas la « mortadelle des Pouilles » et faîtes une place dans votre coffre pour les petits bocaux d’antipasti à déguster en apéro.
A quelques minutes du village d’Oria, nous avons choisi de séjourner dans une masseria, ces vastes propriétés agricoles familiales qui font le charme de la région des Pouilles. Réaménagée en villas, la masseria Borgo Gallana, au milieu des oliviers et des figuiers de barbarie, permet de continuer à profiter de la générosité et de l’accueil chaleureux des Pugliesi, loin de l’agitation touristique.
D’ici, on choisit, selon l’envie et l’humeur, de profiter du silence des citronniers ou de transiter dans les villages alentour.
Pour profiter d’Ostuni, la blanche, on met son réveil avant celui des autres vacanciers et on déambule dans ses ruelles enchevêtrées, sous ses arches outrepassées. On élimine les excès de la veille ou ceux du prochain déjeuner en montant et descendant les escaliers alambiqués. Pendant que certains profitent d’un bon cappuccino (oui on sait, on a un problème d’addiction à la caféine chez Vendredi), d’autres se font couper les tifs au barber shop local : acconciature Maschili da Francesco.
A Cisternino, au marché aux puces, on s’est imaginés heureux propriétaires d’une masseria tant on a eu envie de tout acheter. Les négociations à l’italienne vont bon train. Les innombrables statues de la Vierge Marie et de Jésus Christ entreposées sur les étals des vendeurs rappellent que l’Italie est encore un pays profondément marqué par la religion catholique. Les traditions ont la vie dure et pour vivre local, Vendredi a glissé quelques reliques dans sa valise.
Renseignez-vous sur les jours des marchés, l’expérience vaut le détour. On y trouve aussi de la très belle céramique locale de seconde main qui nous ferait bien abandonner une ou deux paires de chaussures pour les ramener dans notre bagage à main. Les hôtels se fournissent eux à Grottaglie chez Antonio Fasano et/ou Nicola Fasano. Allez y faire un tour, vous ne repartirez pas à vide…
Pour finir, et bien qu’elle n’ait pas eu immédiatement nos faveurs, on ne peut nier à la côte adriatique d’être particulièrement attractive. Polignano a Mare cache de très beaux endroits à l’écart de son centre historique. Vendredi a choisi de pousser la balade jusqu’au village voisin de San Vito qu’on rejoint facilement à pied par la côte. A San Vito, les pêcheurs attendrissent les poulpes qu’ils viennent de pêcher en les claquant sur le sol des quais ou à l’aide d’une sorte de mortier. A Monopoli, on enchaîne les clichés sans passer par la case départ (on était obligés de la faire, pardon) : le petit port avec ses barques bleues, les petites places ombragées et les bonnes adresses où manger du poisson frais.
Où dormir
Casa Piana (Nardò) : dans une maison de ville non loin du centre de Nardò, on grimpe les marches d’un grand escalier en béton avant d’accéder à la pièce de vie baignée de lumière. Un second escalier, vertigineux, permet d’accéder à un cube de verre dans lequel est enfermée la cuisine qui domine les toits. Alessio, le propriétaire, connaît tous les bons spots.
La maison fait partie des propriétés de la Masseria Moroseta, un boutique hôtel au milieu des oliviers, à quelques minutes d’Ostuni. Vous pourrez même y dîner. Une expérience culinaire en sept plats (on recommande vivement).
Borgo Gallana : Trois belles maisons reliées par un jardin verdoyant sur un petit domaine en pleine campagne. Les maisons ont été rénovées avec goût et simplicité. Des plafonds voûtés, des pots en terre cuite, une décoration soignée : le luxe discret de l’Italie. hauts plafonds voûtés blancs, des meubles vintage, des pots en terre cuite et une sensation de luxe discret.
Où Manger
Taverna del Porto (Tricase) : Petit restaurant de poissons en bord de mer, situé tout au sud, à côté des piscines naturelles. Sélection de la criée ou plateaux de fruits de mer raffinés. Les gambas sont servies crues et décortiquées. Un régal.
Le Zie Trattoria Casareccia (Lecce) : En dehors du centre historique, cuisine traditionnelle et très réputée - Réservation obligatoire. On adore cette arrière-salle qui donne sur la cuisine avec ses petites nappes à carreaux. On se croirait dans un vieux film italien.
Il Convivio Bistrot (Ostuni) : Au cœur d’Ostuni, loin du quartier historique. Cantine de quartier avec menu du jour sur une grande ardoise murale. Assiettes de légumes, mozzarella, fruits de mer frits, lasagnes d’aubergine…
Il Principe del Mare (Savelletri) : L’un de nos coups de cœur. Sur la côte, sur les rochers, les pieds dans l’eau. Petite cabane de pêcheurs : oursins, gambas crues, pasta alle vongole. Difficile de ne pas être tenté d’y retourner plusieurs fois pendant le séjour.
Où boire un caffé ou un spritz
Il Gabbiano (Nardò) : Aux portes de la vieille ville. Douces pâtisseries locales et café en terrasse.
Gas Bar (Polignano a Mare) : Loin du centre historique, petit café de quartier avec librairie.
Caffé Diana (Ostuni) :Ici, c’est café au comptoir avec les habitués et les gens de passage.
Bar Perso (Ostuni) : Se croire en Grèce au pied de la ville blanche, sur la terrasse étendue avec des sièges bleus et verts. Des cafés et des bars sont installés dans tous les recoins de la ville avec des points de vue, tout aussi tentant les uns que les autres.
Andiamo a fare acquisti ou faire un peu de shopping
Spazio Espanso Sud (Nardò) : Concept store proposant des vêtements, bijoux, sacs, ainsi que quelques pièces de décoration et du linge de maison.
Post (Nardò) : "Couture store" local / Créateurs
Puteca Studio (Polignano a Mare) : Petite boutique de vêtements et accessoires de créateurs dans un esprit durable. Designers italiens et internationaux. Chaussures et vêtements tendances.
Antica Macelleria da Antonio (Torre Lapillo) : Boucherie traditionnelle.
Caffé Francioso : Torréfacteur à Ostuni. Vente de café au poids dans une petite boutique de la taille d’un garage. L'odeur seule donne envie d’en ramener quelques kilos.
Grottaglie : Ville renommée pour ses céramiques. Ateliers d'Antonio Fasano et Nicola Fasano.