L’Islande, ou l’appel de la route
L’Islande est un pays qu’il faut parcourir en voiture pour y trouver l’esprit de liberté qu’il évoque. Un voyage inclassable, irrésistible. Rien d’autre ne ressemble à l’Islande.
Nous venons d’atterrir en Islande poussés par une inexplicable envie de solitude et de grands espaces. Entre les Amériques et l’Europe, l’île à l’activité volcanique intense est un théâtre dont la pièce à l’affiche vous rappelle humblement que l’être humain n’est qu’un acteur de passage.
Notre itinéraire est simple : suivre la route 1 qui fait le tour de l’île, d’où son petit nom de “Ring Road” et qui dessert les principales étapes de notre voyage. Nous n’en parcourrons que la partie Sud en direction de l’Est essentiellement. Le centre du pays n’est accessible que difficilement et seulement l’été. Si l’itinéraire est simple, la route nous réserve son lot de péripéties.



Nous évitons soigneusement le “cercle d’or”, beaucoup trop proche de la capitale, qui draine de nombreux visiteurs en stop over entre les Etats-Unis et l’Europe.
Premier arrêt à Selfoss avant de s’enfoncer durablement dans l’impétueuse Islande pour faire quelques vivres pour les prochains déjeuners rugueux à l’abri des éléments, dans l’habitacle de notre Dacia Duster. Il faut dire qu’après Selfoss, les villes sont très rares et les endroits où se restaurer se résument bien souvent aux stations essences, véritables lieux de vie et de lien social pour les locaux. Pour les initiés : on s’y régale de hot-dogs façon 7-eleven.
Prochaine étape : Skógafoss, une chute d’eau majestueuse au vacarme imposant. On l’entend depuis la route au loin lorsque le vent ne se fait pas plus bruyant encore que la cascade, soulevant, par rafales, le sable noir volcanique pour le projeter avec force sur la carlingue de notre véhicule.
Toujours vers l’Est, nous rejoignons lentement Dyrhólaey par la route Dyrrhólavegur (la prononciation se complique). La petite péninsule est posée sur une lagune qui n’a vraiment rien de tropicale.
Il nous faut donc rallier Dyrhólaey, planté au milieu d’une plage basaltique, alors que l’eau monte et que le bitume se fait peu à peu engloutir par les flots d’un océan complètement déchaîné. L’arrivée sur ce petit lopin de terre se fait les mains crispées sur le volant. Avant de sortir de la voiture, on enfile pantalons et vestes coupe-vents. Dehors, on se déplace littéralement à l’horizontal tant le vent souffle fort.
Surplombée par son église d’où nous admirons la magnétique noirceur du rivage déchiqueté, Vik constitue une autre étape obligée lorsqu’on arpente la côte Sud de l’Islande. Animée par le mouvement perpétuel de ses visiteurs de passage, le village dispose de toutes les commodités pour se recharger.
À la sortie de Vik, nous traversons Eldhraun, un ancien champ de lave, désormais capitonné de mousse verte. L’envie de nous y allonger nous prend et on s’amuse à s’asseoir portés par la force du vent. Les douloureuses “chaises” n’ont jamais été aussi faciles et on se prendrait presque pour de grands sportifs à tenir aussi longtemps portés par les bourrasques. On regagne vite finalement l’abri réconfortant de notre voiture avant de terminer notre journée au Fosshotel Glacier Lagoon.




A notre arrivée sur le parking de l’hôtel, les parebrises et/ou vitres arrières des véhicules des autres résidents sont quasi tous cassés. Après avoir douté quelques secondes que l’Islande puisse être devenue le nouveau centre du vandalisme européen, on réalise très vite que ce sont les pierres des glaciers alentour qui, portées par le vent, vont faire jouer les assurances.
Au cœur des glaciers, on s’offre un petit moment “colonie de vacances pour parisiens en manque d’aventure” sur (et sous) le glacier Sólheimajökulll (toujours pas au point sur la prononciation?) équipés de nos harnais et pics à glace. De vrais faux aventuriers !
On persiste encore plus vers l’Est de l’île. Sur cette terre hostile, surgissent surtout des variations à chaque instant. De reliefs, de couleurs. Les paysages sont à couper le souffle (sauf celui du vent) et s’animent pour nous encourager à pousser la route. Encore. Toujours. Laufskálavarða, Svinafellsjökull, Jökulsárlón et sa plage de “diamants”, Höfn pour une halte bien méritée.



Face aux éléments déchaînés, les tableaux se succèdent sans se ressembler. Les extrêmes nous côtoient. Nous défient presque. Tempête de sable, blizzard, neige, glace, verglas, vent, brouillard, pluie. Tout y passe. C’est cette brutalité qui fascine aussi. Comme dans un conte, nous trouvons des glaciers, des cascades, des gués, des sources d’eau chaudes, des plages de sable noir, des volcans et des fjords que rapprochent des routes droites ou tortueuses parsemées de trop rares pompes à essence. Nous pensons souvent à faire le plein.
Le lendemain, nous ne faisons pas l’impasse d’un détour par la péninsule du Stokksnes pour admirer le Vestrahorn à l’aube. Cette porte montagneuse des fjords de l’Est se reflète dans l’eau stagnante de l’océan qui s’est retirée pendant la nuit et domine les nuages vaporeux provenant du large.
Après une longue route de presque 4 heures, au cours de laquelle nous avons dû gravir un col habituellement détourné par un tunnel fermé ce jour-là, nous atteignons enfin Seyðisfjörður par l’incroyable route des fjords. Un village de pêcheurs du bout du monde. Une ville propice au huis-clos hivernal. On ne saurait que vous conseiller la série “Trapped” qui s’y déroule et donne une assez bonne impression de ce que peut être l’ambiance de la ville lorsqu’en cas de blizzard, elle se retrouve coupée du reste du monde.
Pour finir notre périple, nous gagnons, au nord de Reykjavik, la péninsule de Snæfellsnes (à vos souhaits !). Allez cette fois-ci on vous aide pour décortiquer le nom de cette péninsule sauvage située tout à l’ouest de l’Islande : “Snæ” veut dire “snow”, “fells” fait référence au vieil anglais et signifie “montagne”, et “nes” renverrait à une abréviation du mot anglais “peninsula”. Simple !
L’intensité d’un voyage en Islande se vit probablement bien différemment selon la sensibilité de chacun aux éléments et selon la route empruntée mais une chose est sûre, l’Islande vous donnera envie de rouler.
Où dormir ?
Umi Hotel - Skogar : avant Vik et à proximité du fameux volcan Eyjafjallajökull, un hôtel à l’architecture sobre et brute en béton diablement efficace qui s’intègre particulièrement bien dans son environnement. A quelques minutes de route seulement, les plus téméraires iront se baigner dans les eaux la piscine de Seljavallalaug.
Fosshotel Glacier Lagoon : plus épuré encore, le Fosshotel Glacier Laggon (chaîne d’hôtellerie islandaise) est parfaitement situé pour rayonner sur la côte sud islandaise et ses principaux sites.
Milk Factory : rares sont les étapes en ville en Islande. Alors profitez de votre passage à Höfn pour poser votre baluchon à la Milk Factory. Une chambre d’hôtes bien tenu à budget maîtrisé pour l’Islande. Un très bon plan et un bon camp de base pour la péninsule du Stokksnes ou la route de l’est.
Où manger ?
Pakkhús - Höfn : donnant directement sur le sympathique port d’Höfn, dans un ancien bâtiment dédié à la pêche réhabilité, le restaurant sert une cuisine locale avec quelques adaptations internationales, le tout dans une ambiance vivante!
Fun Fact : L’Islande est une terre de tournage et on comprend pourquoi tant les paysages évoquent l’ailleurs. Parmi ces films et séries tournées sur différents lieux de tournage on retrouve : Interstellar, Oblivion, la vie rêvée de Walter Mitty, Meurs un autre jour, Lara Croft : Tomb Raider, Games of Thrones.