Londres, où le rouge prend vie
Quelques heures de balade, et partout ce rouge nous saute aux yeux, éclatant, omniprésent. Pourtant, combien de fois avons-nous arpenté cette ville ?
C’est un rouge qui s’invite en silence, par touches : les bus écarlates, les bancs aux arrêts, les boîtes aux lettres, les cabines téléphoniques d’un autre temps, les câbles et passerelles suspendus en fer forgé teintés de rouge, et bien sûr, le logo du Tube. Une identité marquée, un rouge vibrant, indissociable de Londres, qui pourtant n’avait jamais été aussi saisissant, malgré nos nombreux allers-retours en Eurostar depuis Paris.
L’Eurostar, cette ligne de vie entre Paris et Londres. Autrefois symbole d’un lien simple entre les deux rives, elle s’est changée en luxe discret, vendue à prix d’or. Une fois à bord, on se surprend encore à chercher pendant de longues minutes où brancher nos appareils, jusqu’à se tordre, la tête en bas, entre les sièges. Au moins, ils ont prévu deux connecteurs. La sensation du départ vers cette île se réinstalle doucement. On plonge dans l’obscurité du tunnel, et quelques minutes plus tard, on se retrouve de l’autre côté.
On ne dort que très rarement à l’hôtel ici, bien que quelques adresses nous fassent de l’œil depuis toujours. Non, venir à Londres, c’est aussi plonger dans le quotidien de nos amis franco-british, ce qui donne à notre séjour un goût de vie locale. Partager un bout de leur quotidien, quelques jours durant, et ressentir l’impression d’y vivre pour de bon. Rien ne remplace cette immersion dans les dîners anglais, où chaque moment, même ordinaire, nous fait nous sentir au cœur du monde.
Chaque quartier est une petite ville, un monde à part. Il faut parfois trois-quarts d'heure rien que pour passer d'un quartier à l'autre. Difficile de choisir où se promener quand le temps est compté. On voudrait explorer toutes les nouvelles adresses que la capitale offre, tout en retournant dans nos souvenirs de voyages de classes ou scènes de films emblématiques.
Londres nous le rappelle à chaque descente dans le Tube : le grand marché des comédies musicales redouble d’efforts pour afficher toutes ses représentations. Ici, pas de 4G au fond du tunnel, alors lire les publicités et les journaux devient presque une occupation incontournable.
On voudrait avoir le temps d’aller à Soho, Notting Hill, Chinatown, Primrose Hill, Camden Town, South Bank… Ces souvenirs de voyages au balcon des bus rouges à double étage, avaient, à l’époque, ce charme mythique. Et pourtant, en revenant à Soho, certaines de ces rues semblent montrer une société de consommation un peu fanée. Une pâle copie des grands magasins américains, où l’on vend des M&Ms et des Legos sur des milliers de mètres carrés, tandis que des écrans géants projettent des publicités Coca-Cola. Cette omniprésence de la publicité, qui rappellerait presque l’univers cynique de 99 Francs de Beigbeder. Ce monde où tout devient produit, où chaque espace libre se transforme en panneau publicitaire, s’impose ici, comme un théâtre commercial permanent.
Heureusement, quelques adresses comme le bar Termini à Soho restent des repères précieux où l’on a toujours plaisir à revenir. À Soho, nous avons débuté notre séjour chez KILN pour la première soirée, et il faut bien l’avouer, nos envies de restaurants ont quelque peu guidé nos pas. Nous n’avons pas non plus résisté à un détour par Shoreditch, où chaque adresse semble appeler la suivante. Un passage par Columbia Road, avec ou sans le marché aux fleurs (uniquement le dimanche), est toujours d’un charme fou, encore plus lorsque des événements comme Halloween ou Noël approchent.
Nous avons passé quelques-uns de nos après-midis entre Brixton et Clapham, ces quartiers au sud de la ville, vibrants et cosmopolites, où Londres se déploie sous une autre lumière. À Brixton, les rues débordent de vie, entre les étals du marché, les façades colorées ou les boutiques improbables, et l’effluve des cuisines qui embaument l’air. Ici, la ville est tout sauf silencieuse : ça discute, ça chante, ça danse presque. À Clapham, l’ambiance se fait plus douce, plus résidentielle, mais tout aussi vivante. Les parcs y sont vastes, parfaits pour se poser en fin d’après-midi et observer la ville qui ralentit (ou tous les sportifs motivés). Les pubs y sont chaleureux, accueillant ceux qui viennent prolonger la journée autour d’une pinte, dans une atmosphère conviviale. Ces quartiers-là, moins visibles que les emblématiques, ont un charme particulier, faits d’une Londres quotidienne, moins touristique, où l’on pourrait se perdre pendant des heures.
Où dormir ?
The Grand Hotel Bellevue – Dans l’ouest londonien, sur Norfolk Square, imaginé par le décorateur Fabrizio Casiraghi. Une balade à Paddington et dans la Little Venice peuvent tout à fait s’envisager d’ici (Le Monde en parle très bien, il faut rendre à César...)
CitizenM Shoreditch – Situé à Shoreditch, cet hôtel moderne et minimaliste offre une vue imprenable sur le quartier animé, parfait pour une immersion complète.
Où manger à Shoreditch ?
Brawn – Une adresse cosy, bien connue pour sa cuisine locale et sa carte de vins naturels, nichée à l’entrée de Columbia Road.
Brat – Restaurant chaleureux avec une approche raffinée de la cuisine au grill. Ambiance intime et poisson de qualité.
St John Bread and Wine – Un classique londonien à deux pas de Shoreditch, où l’on sert des plats britanniques modernes dans un décor épuré.





Où manger à Brixton ?
Brixton Koi Ramen Bar – Ce petit bar à ramen animé propose des plats savoureux et abordables, parfaits pour une pause rapide.
Kricket ou Booma – Deux « Modern Indian Restaurants » où la cuisine indienne réinventée brille. Préférez Kricket pour ses cocktails et Booma pour son ambiance plus de resto de quartier.
Canova Hall – Grand restaurant italien convivial avec une ambiance décontractée, idéal pour y faire un peu de remote ; un club privé est aussi caché au-dessus ;-)
Nos petites découvertes
Rovi – Une des adresses d’Ottolenghi, située dans Fitzrovia, célèbre pour ses plats végétariens et ses associations méditerranéennes audacieuses.
Lina Stores Clapham - Cuisine italienne simple et délicieuse, à un prix vraiment abordable ! Gentillesse incroyable. C’est d’ailleurs le service dans les restaurants à Londres qui nous plaît tant.
KILN - Une expérience unique de cuisine thaïlandaise au charbon de bois, dans une ambiance chaleureuse, au bar. Tout donne envie et tout est bon.






Où boire un verre ?
Termini – Un bar à cocktails italien de Soho, petit mais charmant, parfait pour les amateurs de Negronis.
Soif – À Battersea, un lieu intimiste où déguster des vins naturels et des assiettes à partager. On peut ensuite traverser le parc de Clapham Common pour rejoindre Lina Stores Clapham.
Bar with No Name – Situé dans Islington, ce speakeasy mystérieux est connu pour ses cocktails inventifs.
Soho House – Un classique, exclusif et élégant, qui réunit tout ce qui fait la réputation des lieux de Soho (Attention membership obligatoire).
Fentiman’s Arms, Kennington – L'endroit parfait le dimanche pour regarder un match de rugby autour du fameux Sunday roast.