Marrakech, l'effervescence assumée
Arriver à Marrakech et se faire happer. Par la chaleur d’abord. Par sa lumière, ensuite.
Se faire happer surtout par l’énergie qu’elle dégage, celle d’une ville qui ne retrouve son calme que quelques heures la nuit, lorsque les échoppes baissent leurs rideaux et que les scooters cessent de vrombir dans les ruelles étroites de la médina, dont le rythme effréné tranche avec l’ambiance feutrée d’un Riad. Les odeurs des hammams viennent brouiller celles entêtantes des épices. Les murailles contrastent encore avec les quartiers art déco de la nouvelle ville.
La ville berbère éveille tous les sens. On la surnomme la ville rouge alors que pourtant, c’est un brassage permanent de couleurs joyeuses que les murs ocre viennent sublimer. Les premières balades au cœur de la médina sont troublantes : on se perd facilement, plus occupés à zigzaguer entre les chats, les ânes chargés comme des bateaux ou les tuktuk qui filent, qu’à réellement regarder le chemin. Une ville dans ville, faite de dédales, de passages étroits et de galeries. On frôle maladroitement les murs alors qu’il suffit tout simplement de se laisser porter par le rythme du flot incessant des locaux. Ne pas s’excuser d’être là mais au contraire se confondre avec un chaos organisé.
Le pouls de Marrakech ne se prend pas seulement sur la place Jemaa-El-Fna ou dans les jardins de la Mamounia. Il faut ouvrir ses sens, sentir que le cœur de la ville se joue plus dans les cours des teinturiers et maroquiniers que dans les boutiques de babouches pour bobos à la recherche de charentaises. Bien sûr, on ne voyage pas à Marrakech sans laisser de la place dans ses bagages pour rapporter chez soi un peu du vrai artisanat local. Les souks regorgent de pièces incroyables : des théières ciselées comme des bijoux, des tapis qui semblent contenir des contes entiers dans leurs motifs, des paniers qu’on imagine déjà remplis de mille choses inutiles mais indispensables.
On choisit de rentrer les bras chargés de bols en terre cuite, d‘assiettes en grès, de verres qu’on essaiera de ne pas payer 10 fois le prix en négociant du mieux qu’on pourra, dans une espèce de “poker menteur” détendu, qu’on sait déjà perdu d’avance.
Pourtant ici tout semble possible. Même organiser une colonie de vacances pour fêter un quarantième anniversaire à vingt personnes. Marrakech accueille le citadin en manque d'aventures comme nulle autre. Ce qui pourrait sembler relever de l’exploit ailleurs, devient ici une évidence. Et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvés, un groupe hétéroclite mais uni, à plonger ensemble dans la magie et le tumulte d’une cité mythique.
On pose nos volumineuses malles au Riad Yasmine, un havre de paix dissimulé derrière une lourde porte en bois massif. A peine la porte passée, on se laisse envelopper par le parfum sucré qui caresse l’air pendant que nos hôtes nous servent un thé à la menthe pour arroser le sucre des pâtisseries orientales qui collent aux doigts.
Privatiser un Riad, c’est rêver d’une grand nid où réunir toutes les personnes qui comptent. Les balcons filants qui surplombent la petite piscine deviennent des lieux de rendez-vous improvisés, où l’on échange des rires et les derniers potins en date. Le rooftop offre des vues spectaculaires des toits de la ville, l’Atlas, en toile de fond. Le premier couscous est souvent le meilleur d’une longue série. Les marocains sont aussi généreux dans leur cuisine que dans leur vie. Les épices parfument sans écraser et la harissa (en petite quantité) relève une soirée déjà sultanesque.
Au Comptoir Darna, on vient chercher une ambiance festive dans une ambiance tamisée et chaleureuse. On entre dans le monde des Mille et Une Nuits. Les danseuses orientales portent fièrement chandeliers sur la tête et (petites) tenues scintillantes pendant que les occidentaux glissent quelques offrandes aux endroits les plus stratégiques. Là encore, le contraste avec les scènes de vie des ruelles de la médina est saisissant.
Beaucoup diront que trois jours suffisent pour visiter Marrakech, mais trois jours suffisent à ceux qui y retournent chaque année. Il existe bien d’autres endroits à voir que le Jardin Majorelle et le musée YSL. Les concept-stores des nouveaux quartiers offrent de nouvelles perspectives. Trois jours ne suffiront pas non plus à satisfaire notre appétit tant la cité berbère regorge de bonnes adresses de restaurants.
Au-delà de Marrakech, il y a le désert d’Agafay, bien sûr, mais aussi l’Atlas et la vallée verte de l’Ourika. C’est à la Kasbah Ourika, à une petite heure de route de la médina, que nous choisissons de passer quelques heures loin du tumulte de la ville au milieu des sommets marocains, certains déjà coiffés de neige en ce mois de novembre.
Comme le trentenaire aime alimenter son Strava, nous partons pour un trek (facile) de trois heures à travers les paysages époustouflants de l’Atlas, où la terre rouge se mêle aux arbres verdoyants qui bordent les ravins. La Kasbah est parfaite pour accueillir un grand groupe et organiser des déjeuners face aux vergers et aux plus hauts sommets de l’Atlas, où un grand barbecue à l’ombre devient le clou de la journée.
Enfin, de retour en “ville”, on s’offre un moment de détente dans un hammam traditionnel. On partage une grande table en marbre chaud sur laquelle on nous gomme au savon noir avant de nous rincer à grands sceaux d’eau. Un moment de pur délassement (pour les moins pudiques).
Où dormir ?
Riad Yasmine (Marrakech) : il porte le nom de la fille des premiers propriétaires du Riad. Il est désormais géré par Alice et Gabriel, deux français qui ont fait du riad un véritable cocon où l’artisanat marocain traditionnel est mis à l’honneur. Chaque chambre est dessinée avec goût, et son petit "Yasmine" mitoyen est une vraie pépite. Nous remercions encore du fond du cœur Ismaël et Moustafa de nous avoir reçus et d’avoir fait de ce séjour une prouesse. On aime tellement ses zelliges vertes et blanches, ainsi que la petite piscine qui devient un point de rendez-vous central.
El Fenn (Marrakech) : Cet hôtel repose sur quatre riads qui mêlent design contemporain et touches marocaines authentiques. On passe d’une maison à l’autre, et chaque espace est choisi avec élégance et confort. Parfait pour ceux qui recherchent une expérience luxueuse au cœur de la ville. Son rooftop orné de rouge est un excellent spot pour savourer un cocktail tout en admirant la vue.
Kasbah Ourika (Atlas) : Nichée dans les montagnes de l’Atlas, cette kasbah offre une immersion totale dans la nature. Idéale pour des trekkings de quelques heures et des déjeuners panoramiques en groupe.
Où manger ?
Dar cherifa : dans un décor à la fois simple et raffiné, c’est l’endroit idéal pour savourer quelques délices dans une atmosphère paisible, loin de l’agitation des souks pourtant tout proches. Vous pouvez choisir de vous asseoir dans la cour ou prendre un verre sur le rooftop. Coup de cœur pour le tajine de bœuf.
Le +61 : Cette adresse mêle influences australiennes et marocaines pour offrir des compositions de salades uniques et savoureuses. Notre coup de cœur ? Leurs petites olives panées mais toute la carte mérite d’être explorée. Juste à côté, le restaurant "Farmer" semble tout aussi prometteur.
La famille : Ce restaurant propose une cuisine végétarienne traditionnelle, relevée d’une touche contemporaine qui fait toute la différence. L’équipe féminine en cuisine travaille à vue, ajoutant une authenticité chaleureuse à l’expérience culinaire.
Vendredi, nous invite à de merveilleux voyages