Paris 2024, on se prend à tes Jeux
Voilà donc un an qu’en bon français qui se respecte on peste contre Paris 2024, qu’on anticipe un échec cuisant, qu’on organise des plans de fuite inspirés des 10 saisons de Prison break.
Mea culpa.
On confesse s’être laissés emporter par le flot des critiques, avoir regretté que cette candidature ait été déposée une décennie plus tôt. On pariait sur des JO infamants mais Paris 2024 a surpris tout le monde et dans le bon sens cette fois-ci !
Passées les polémiques, il faut reconnaître que cette cérémonie, outre qu’elle avait du chien (mouillé), était une sacrée réussite. On ne se remettra pas de sitôt de Céliiiiine en live en haut de la Tour Eiffel, de la Garde républicaine qui fait bouger ses lignes (et pas que!) et de ce cheval de fer sur une Seine paisible et (quasi) propre. Des images pour toujours de la plus belle ville du monde. On n’a pas peur des mots. Après tout, les JO c’est l’occasion d’être un peu chauvin, au même titre que les Coupes du monde ou l’Euro quand soudain le football se met à intéresser ceux qui pourtant passent l’année à critiquer des joueurs bien trop payés pour taper dans une baballe.
Plus que tout cela, ces Jeux à Paris sont la bouffée d’air qu’on n’attendait plus.
Dans une France bien tristoune, on se laisse envahir par une ferveur sportive qui nous quittera très vite quand il faudra bouger ses fesses jusqu’à la salle de sport sous la pluie et dans la pénombre de l’automne.
On sait qu’on a basculé de l’autre côté lorsqu’on se met à télécharger l’application France TV sur son téléphone pour ne rien rater des exploits français. Comme si, d’un coup, cette France dont a eu honte quelques semaines plus tôt redevenait cette grande nation, celle qui rend fier quand, en vacances, on vous demande autour du bar de la piscine de quel pays vous venez.
Coincés à Paris pendant les jeux ? La plaie qu’ils disaient !
On nous a quasiment mis dehors au prétexte qu’il n’y aurait pas assez de logements pour accueillir délégations et spectateurs. On nous a promis de tous devenir riches en deux semaines. Paroles, paroles, paroles !
Et pourtant, depuis dix jours, c’est un pari enchanté que l’on découvre. Des rues vidées de ses voitures (désolé pour ceux qui n’ont pas le choix) et de ses habitants. Le Paris de ceux qui sont heureux d’y être. Qu’elle est douce cette ville avec ses métros qui fonctionnent, ses immenses garages à vélo éphémères, ses taxis tunés aux couleurs pastel de Paris 2024. Que ça fait du bien !








Une bulle d’insouciance (de déni aussi) dont on ignorait qu’on avait tous besoin.
Des scènes de liesse dans les stades mais aussi des scènes du quotidien qui nous manquaient un peu beaucoup : les gens qui s’aident pour trouver leur chemin sans se sentir agressés, les policiers étrangers dans leurs uniformes qui vous transportent tantôt dans les rues anglaises tantôt dans les calles espagnoles, la BAC qui roule des mécaniques, flingues à la taille (et ceux qui s’empiffrent de pains au chocolat en tenant les murs), la RATP en masse sourire aux lèvres (si si) quand en temps normal, il vous faut faire quatre guichets avant que quelqu’un daigne (mal) vous renseigner.
Les œillères du quotidien laissées à Versailles, chacun semble avoir retrouvé sa curiosité et son envie d’aller vers l’autre. Les images font le tour du monde mais nulle part ailleurs on ne peut ressentir ces vibrations. Ici, c’est Paris.
Et Paris est définitivement une fête ! L’ambiance est si bonne que le bobo parisien se rêve en pêcheur du dimanche et chine la tenue du bénévole sur Vinted à prix d’or.
Alors Paris 2024, pardon d’avoir douté de toi.
Tu nous auras fait regarder des sports qui pour nous n’en étaient pas (pardon le volley de plage). Nous n’avons toujours rien compris aux règles du plongeon, pas plus qu’à celles de l’escrime. Nous avons souvent cru, c’est vrai, que la France gagnait quand le point était pour l’adversaire. Comme Snoop Dogg, on a fait semblant de maîtriser les épreuves d’équitation. Et si le ippon n’a plus de secret pour nous, tu peux être sûr que dans quatre ans on aura tout oublié.
Tu nous as donné l’impression d’être au bon endroit au bon moment. Tu nous en as mis plein les yeux avec cette vasque suspendue à l’exact endroit d’où les frères Montgolfier avaient fait s’envoler leur premier ballon à hydrogène. Quel génie !
Tu nous auras donné mal au ventre devant des finales serrées et fait pleurer pour des médaillé(e)s dont on ne connaissait même pas l’existence quelques minutes auparavant. Des athlètes qui travaillent depuis leur plus jeune âge pendant qu’on se goinfrait de Chocapic devant KD2A.
Si nos oreilles, elles, ne te remercient pas pour les hélicos H24, elles vont en revanche longtemps vibrer au son des supporteurs place de la Concorde. Fenêtres ouvertes devant l’ordinateur c’est le rythme des « oh » et des « ah » qui va manquer à cette fausse concentration des mois d’août.
Paris 2024 tu nous as même fait oublié la météo et quand il a fallu rentrer sous des trombes d’eau on a trouvé ça « fun » comme on disait pour faire « cool ».
Une médaille marchande de plus et on se vautrait dans le pédiluve de la piscine des Halles.
Garde cette flamme Paris, sinon la rentrée va être bien trop difficile.
Les bons plans pour voir la flamme :
Dîner au restaurant Le Jardin, en haut de la Samaritaine et guetter l’horizon en attendant que la flamme s’envole en papotant avec des américains en extase devant Paris. Se sentir chanceux de participer aux festivités. Voire se prendre pour les organisateurs quelques secondes.
Se poster Rue du 29 juillet, perpendiculaire au Jardin des Tuileries, pile dans l’axe pour voir la flamme monter et/ou flotter.
Pour les agoraphobes, attendez que le soleil soit (vraiment) couché et que le plus gros de la foule quitte le 1er arrondissement pour profiter des points de vue depuis le carrousel du Louvre.
On se réécoute la playlist de la cérémonie d’ouverture des JO ?