Est-il encore besoin de coucher sur papier ce que tu nous fais ressentir quand vient la torpeur de l’été, les ruptures de stock de ventilo chez Darty et les rues désertées ?
On te dit fière comme l’autochtone qui t’habite, prompte à revendiquer être le centre de tout, presque hautaine en fin de compte.
Pourtant, l’espace de quelques semaines, sous la chaleur suffocante du bitume qui semble fondre et des murs qui irradient, tu te pares de ta plus belle robe : des rues vidées de leurs habitants, de ses touristes américains qui, pour la plupart, ont fui sur la Côte d’Azur à la recherche d’un mélanome certain. Droite dans ta Tour Eiffel, pas une goutte de sueur si ce n’est en or. C’est une version apaisée d’une capitale qui vit à toute allure le reste de l’année que tu offres au juillettiste invétéré.
Sous tes airs enchanteurs, tu finis de convaincre ceux qui restent que l’enfer c’est bien les autres. Plus douce que jamais, tu redeviens ce musée à ciel ouvert, cette ville sans embouteillage mais certainement pas sans vie.
Fidèle parmi les fidèles, tu te tiens là, sans jamais baisser ton rideau. Les chaises s’empilent sur les terrasses fermées pendant que tu continues d’offrir aux punis du mois d’août, l’été qu’ils méritent. Assignés à tenir les murs pendant que les autres se dorent la pilule, on redécouvre tes atouts dans un calme presque olympien.
Alors bien sûr, on suffoque un peu (beaucoup) parfois. Mais à force de calfeutrer nos fenêtres, tu parais encore plus belle de dehors. Ton été nous est d’une certaine douceur. A la tombée du jour, dans une quête vaine de trouver un peu de fraîcheur, les rues fourmillent un peu plus. Les oiseaux, eux, sont enfin audibles, prenant l’ascendant sur des pigeons incapables de roucouler, empâtés par les restes de pique-nique sur les quais de Seine.
C’est comme si, comme quand l’amour s’épuise, à force de te voir, on avait oublié à quel point tu étais belle. Comme si, aussi, on t’avait trop usée.
Alors à l’aube d’une nouvelle année à s’épuiser ensemble, on apprend à te réapprivoiser. Un moment suspendu pour saisir de nouveau ta beauté et se laisser porter par ton énergie.
Quand ceux qui ne te supportent plus pensent s’offrir une pause salutaire loin de ton vacarme, c’est en réalité à toi qu’ils offrent un repos bien mérité. Tout est au ralenti (surtout le métro). Comme si pour endurer l’année, il te fallait te régénérer quelques semaines. Deux semaines d’affûtage avant le marathon de la rentrée. Le Paris des vélos qui s’arrêtent aux feux surtout pas pressés d’arriver au travail, celui des piétons qui traversent sans même tourner la tête comme si la ville toute entière leur appartenait enfin ! Le Paris des restos sans résa, des glaces qui fondent trop vite et des baigneurs immunisés contre le E.coli.







Les attroupements sur les ponts au crépuscule. Les téléphones qui se lèvent pour immortaliser tes couchers de soleil orangés. Tes pierres qui rougeoient. Fini le bruit des trottoirs qu’on éventre pour la énième fois (merci la mairie), fini aussi les files d’attente partout, fini même l’humeur maussade. L’apogée d’une ambiance déjà plus détendue dès l’arrivée de l’été : les soirées qui s’allongent, les salles de sport qui se remplissent en préparation du summer body, effort immédiatement mis à néant par l’apéro qui suit. Les éclats de rire qui résonnent plus fort sur les terrasses. Les anniversaires de tous ceux dont les parents butinent en automne (coucou papa maman).








Cerise sur le gâteau, ou plutôt montgolfière sur jardin, la flamme des JO 2024 a fait son grand retour. Tentative subtile de nous rappeler que oui, tu as bien été au centre de tout, ou bienveillance clinquante envers ceux qui n’avaient pas pu en profiter à temps ? Peu importe tes intentions, l’essentiel est que tu soignes tes inconditionnels. Je concède une certaine obsession personnelle autour de cette flamme. Pas tant pour la prouesse technologique ou la photogénie de l’objet en lui-même mais plus encore pour les “oh” et les “ah” que chaque décollage suscite. Pour ces regards émerveillés des petits comme des plus grands.
A quelques jours de la rentrée, on te sent commencer à frémir, telle l’eau des pâtes qui tente de s’échapper de sous son couvercle. Tu ne tiendras bientôt plus en place. Le rythme du quotidien reprendra alors ses droits et nous oublierons, une fois encore, à quel point tu sais être reposante. Les jours passeront, raccourciront surtout et comme un cycle inéluctable, c’est la pluie qui finira par laver les trottoirs et les corps fatigués.
À ceux qui partent, merci de nous laisser vivre ces moments suspendus. A toi Paris, merci de nous rappeler pourquoi tu nous plais autant. Et à ceux qui nous lisent depuis plus d’un an et qui ne pensent peut être pas toujours comme nous, un grand merci.
Où manger au mois d’août
Ceux qui savent savent. On ne va pas tout vous divulguer non plus ! Une seule peut-être, pour sa vue : le Jardin de la Samaritaine perchée sur le toit du grand magasin. Le menu est tourné autour de la tomate et des fraises. Notre rendez-vous annuel depuis 3 ans. Jamais déçus !
Où dormir
Le Pigalle : un hôtel de quartier résolument parisien au cœur du mythique quartier rouge.
Jules & Jim : 23 chambres occupent cette ancienne usine de traitement de métaux précieux au faux air de NYC. Un mélange réussi de matériaux simples, élégants pour cet hôtel en plein cœur du Marais.
Le SO : situé entre la Bastille et le Marais, à la place d’un ancien bâtiment municipal datant des années 60, l’hôtel offre, depuis son restaurant et son bar à cocktails, une vue imprenable sur tout Paris. La Seine y est également omniprésente grâce aux miroirs installés au plafond du restaurant. On adore !
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Et bien...non, on avait pas tout dit sur Paris.
Grâce à Vendredi c'est fait. Merveilleuse narration qui donne à un provincial "dans l'âme ", l'envie de re-découvrir notre Capitale.
Merci.