Le voyage commence avec 12 heures de retard. A peine l’ordinateur fermé à la hâte qu’on sait déjà que le sacro-saint planning des vacances ne sera pas tenu. L’imprévu qui frappe au hublot : l’horreur absolue. Pourtant, force est d’admettre que ces 12 heures finiront par constituer un sas de décompression salutaire, entre le monde réel et celui qu’on rêvait depuis plusieurs semaines. Un temps d’attente forcé qui, finalement, donnera le ton à un voyage de la contemplation. Une leçon pour les prochains.
Nous ne découvrons donc Rio que le lendemain de notre départ : atterrissage dans la nuit noire du Brésil hivernal. A l’aube, nous avons rendez-vous avec les baleines qui, entre mai et septembre, migrent le long des côtes brésiliennes à la recherche d’eaux plus chaudes. C’est sous les premières lueurs rosées du jour qu’on prend conscience du gigantisme de Rio. Depuis la baie, les plages dorées s’étirent sur des kilomètres : Copacabana, Ipanema. Des noms légendaires. Le Pão de Açúcar trône, avec en arrière-plan, le Christ rédempteur, éternelle vigie au sommet du mont Corcovado. Petit à petit, les fenêtres des immeubles du bord de plage comme celles des favelas rougeoient sous les rayons du soleil. Rio nous aveugle. Rio nous envoûte d’un coup d’un seul, sans qu’on y ait même encore vraiment posé un pied. Rio est un cliché à elle toute seule.
Parler de Rio, c’est égrainer les clichés justement : ses (tout) petits bikinis, ses maillots de foot, ses plages mythiques, sa langue chantante, ses caïpirinhas au maracuja et sa musique. Les corps salés. Les marchés colorés. L’effervescence des plages. Le métissage. Tout y est.
A chaque coin de rue, on découvre aussi ce que le culte du corps signifie pour les cariocas. Les sportifs sont partout, à toute heure. Sur la plage au lever du soleil (et même avant), autour ou sur la lagune Rodrigo de Freitas. On court, on rame, on pédale et comble du narcissisme, des photographes professionnels immortalisent ce qui semble pourtant être ici un quotidien sans originalité. A Rio, plus que son corps c’est son image qu’on soigne.
Partout, des scènes nouvelles qui sonnent pourtant très familières. Découvrir Rio, c’est comme visiter New York pour la toute première fois. Tout semble parfaitement à sa place : une sensation incomparable de s’être transporté dans sa télévision. L’impression de connaître ces plages, ces rues qu’on arpente le nez en l’air, sans mesurer ce qui relève du fantasme ou du réel. Les yeux ébahis et la bouche bée. La rencontre d’un mythe.
Ce sentiment de déjà-vu ne nous quitte que rarement, lorsque perverti par les alertes sur la sécurité des voyageurs, on se met à craindre pour son téléphone presque plus que pour sa vie. C’est qu’on y entasse un sacré nombre de souvenirs en une journée à Rio. On a beau s’éloigner des plages pour “voir autre chose” et ne pas se contenter du Rio “classique” on y revient sans cesse, magnétisés par la beauté et l’énergie qui s’en dégagent. C’est sur ces plages, au milieu des parasols aux couleurs criardes, que se trouve le cœur vibrant de Rio. Le chant des vagues est masqué par celui des vendeurs ambulants et des hélicoptères qui survolent la ville toute la journée. Les seuls autres oiseaux dans le ciel sont les frégates, les “pirates de l’air”, uniques oiseaux marins qui craignent l’eau, virevoltant au-dessus de Rio sans jamais se poser. On ne vient pas à la plage pour se baigner mais plutôt pour bronzer et retrouver ses amis. Chaque “posto” de secours a sa particularité et chaque carioca son posto préféré. On ne pose pas sa serviette sur le sable comme le touriste moyen, on loue un fauteuil de plage pour profiter du spectacle. On passe sa journée à admirer non pas pas le ballet mais plutôt le défilé frénétique des vendeurs de plage : du classique esquimau au maïs grillé au beurre, en passant par le vendeur de crevettes ou de burgers, on est loin du “chouchous, beignets” auquel on est plus habitué. Ici, on installe même un barbecue version lilliputien pour y faire griller du fromage.
C’est depuis la plage qu’on sent le mieux l’énergie de cette ville qui en déborde. Les ballons de foot ne touchent jamais le sol et nous non plus.







Bien sûr Londres, New York ou Paris sont tout autant des villes électriques dont on aime à dire qu’elles bouillonnent ou qu’elles ne dorment jamais vraiment. Mais, de Rio, il se dégage encore autre chose. Est-ce que c’est le sourire des cariocas? Est-ce que c’est son architecture moderniste et sa géographie si particulière entre vallons et rue quadrillées ? Ou encore sa décontraction ? Difficile à dire. Rio donne l’envie de se dépasser. Ce n’est pas seulement l’ardeur d’une ville, c’est la force d’un peuple tout entier qu’on sent nous porter.
Où dormir à Rio ?
Sans AUCUNE hésitation, nos deux hôtels préférés pour profiter de Rio sont : Chez Georges, dans le quartier bohème de Santa Teresa aux faux airs de Montmartre et Janeiro, à Leblon, le quartier chic avec option vue mer. Deux adresses très différentes qui partagent le bon goût et les vues emblématiques. De véritables refuges.
Où manger à Rio ?
Sélectionner quelques adresses seulement dans une ville aussi vaste et variée que Rio paraît bien vain. Les adresses ci-après ont toutes été testées et validées mais il y en a tellement d’autres à découvrir qu’on ne saurait trop vous recommander d’en tester le plus possible. Après tout, manger c’est déjà voyager.
Pour un café / petit déjeuner :
The Slow bakery (quartier Botafogo). Café ao leu (quartier Copacabana).
Zola (quartier Santa Teresa) : on y vient pour les petits déjeuners salés ou sucrés (yummy le pastel de nata) mais aussi pour ses pizzas. Petit endroit pref’ sur le chemin du célèbre tramway de Santa Teresa. On y croise les expats mais pas que !
Pour un dîner fancy :
Ocya (quartier Leblon) : restaurant de poissons tenu par le chef également pêcheur et plongeur Gerônimo Athuel. Notre coup de cœur du séjour pour ses plats et ses cocktails. Tout est absolument délicieux.
Lilia (au cœur des maisons coloniales historiques du quartier de Lapa) - Aprazivel (quartier Santa Teresa), super aussi au déjeuner pour profiter de la vue entre la végétation - Giuseppe Grill (quartier Leblon) pour une des meilleures viandes de Rio.
Pour déjeuner près des plages :
Zaza bistro Tropical (quartier Ipanema) - Rainha (quartier Leblon) aux accents très portugais (du Portugal) - Arp (quartier Arpoador), idéal aussi pour le brunch ou le goûter.
J’ai adoré ce texte très fluide et sensoriel. Sans image ou presque, j’ai été transportée de l’autre côté de l’océan quelques instants. Superbe et doux !